Livre premier, chapitre neuvième : fortune, par Melian Faeranduil

Rédigé par kaamlii -

Une simple mission d'escorte de matières premières pourrait-elle se dérouler simplement ?

Suite à notre douche froide judiciaire, nous reprenons nos esprits en essayant de nous enfermer dans une routine qui de toutes manières ne nous convient pas.

Quelques coups frappés à la porte nous ramènent quelques heures en arrière, à la désagréable surprise de notre comparution judiciaire.

Un homme à la barbe taillée, à la belle prestance et l'épée au côté, se tient dans l'encadrement de la porte. Il nous explique qu'il recherche un travail à l'Alliance Azur. On dirait bien que notre déplorable réputation ne s'est pas encore propagée, si nous recevons encore des candidatures spontanées ! Loin de m'imaginer que quelqu'un postulerait spontanément à l'Alliance, je m'étais même surpris à penser que l'Alliance Azur était plus sélective sur ses recrutements, pour nous envoyer ce genre de profils.

Il sera bien vite testé, puisqu'Hurik nous remet une missive. Une mission nous attend : nous devons convoyer des outils d'extraction de minerai, et recevoir du fer. Officieusement, nous allons remettre une bourse de pierres précieuses, et récupérer des lingots d'or d'un notable du village de Bonfilon, Eddon Barrows.

Comme à l'accoutumée, je passe au temple de Phrysis pour adresser mes respects à mes pairs. Une phrase restera gravée au fer rouge dans mon esprit, après m'avoir glacé d'effroi.

  • "Melian, content de vous voir ! Nous avons lancé quelques sorts de protection, et sommes ravis de constater que vous êtes en vie !"

Après avoir salué mes collègues (et plus particulilèrement Tara, pour qui je ressens une affection grandissante), je rejoins mes compagnons afin d'aller accomplir notre mission.

Nous nous préparons donc et nous mettons en route, qui dans la charrette pleine d'outils, qui monté à cheval. Etonnamment, l'ambiance n'est pas mauvaise, et nous devisons calmement pendant le trajet. Nous traversons des plaines au vert enchanteur, et nous dirigeons vers le gris rocailleux du flanc de montagne.

Alors que nous avions passé Jolivert, à couvert sous la bienveillance forestière de dame nature, un grognement éveilla notre attention. Quelque chose était sur le point de rencontrer notre petite compagnie. Nous entendîmes un pas lourd qui progressait en notre direction, à travers les arbres. Une ombre grandissait derrière les feuilles, au rythme de ce pas donc l'écho était de plus en plus prégnant à nos oreilles.

Les archers encochaient une flèche, les épéistes dégainaient, prêt à affronter ce qui allait surgir vers nous. Nous aperçûmes un couple d'ours, entre les arbres, sur le côté du chemin. Ils évaluaient la situation et décidèrent de ne pas nous attaquer, estimant ne pas être à l'avantage. C'est sur ce bon présage que nous arrivâmes à Bonfilon quelques heures plus tard.

De prime abord, je crus à un village plutôt pauvre, étant donné la modestie des habitations. Cette vue imprima en moi un sentiment mélancolique fugace. Je dus me rendre à l'évidence que la pauvreté ne se concentrait qu'en périphérie, puisqu'après être passés devant la taverne du village, nous parvînmes à une grande demeure cossue, bien que dépourvue du charme subtil des maisons bourgeoises citadines.

Ceinte d'une haute grille métallique, notre destination est de loin la demeure la plus imposante du village. Deux gardes nous font entrer dans la propriété, où Eddon Barrows, l'homme que nous sommes venus voir, nous accueille. Il s'agit d'un homme de taille et de corpulence moyenne, dont la concision évoque l'habitude à déléguer les détails.

Barrows nous explique qu'il est tard pour charger notre cargaison, et que l'opération serait réalisée au matin le lendemain.

Je me dirige donc vers la taverne du village, ou j'espère pouvoir divertir les autochtones. La soirée se déroule dans la bonne humeur, la population se montre sensible à mon art, et je peux même voiir Agnès "danser", ou plutôt subir une dance, son cavalier étant fortement alcoolisé. Cela me surprend qu'Agnès sache danser ; j'avais plutôt vu les chevaliers comme étant des guerriers au sens aigu de l'honneur et du devoir, plus que de personnes orientées vers les arts...

La soirée se termine dans la bonne humeur, et nous allons nous reposer en vue de la grosse journée du lendemain.

Après un solide petit-déjeuner, nous nous rassemblons à la demeure d'Eddon Barrows, et chargeons les caisses d'or dans la charrette. À un moment je pense que nous parlons un peu fort de l'or, car il semblerait que des riverains nous aient entendu.

Nous partons du village, fière escorte de nos richesses nouvellement acquises. Alors que nous cheminons en forêt, nous percevons un craquement, et un arbre tombe au sol devant nous. L'oeil aiguisé comme à l'accoutumée, Hirilthar nous informe que deux personnes nous observent à partir d'une hauteur.

Nous profitons de cet arrêt inopiné pour répartir les lingots d'or au fond de chaque caisse. J'imagine que nos observateurs se gaussent bien de nous, arrêtés en train de discuter devant un tronc d'arbre, qui de demander si c'est une embuscade, qui de dire que nous devons foncer... Ces atermoiements nous permettent toutefois de temporiser, le temps que les lingots d'or soient convenablement répartis sous leurs homologues de valeur moindre.

L'obstacle finalement déplacé, nous arrivons à un pont suspendu à côté duquel se trouvent quatre hommes qui nous font signe de nous arrêter. Nous obtempérons, et ils nous demandent de voir notre cargaison. Notre premier réflexe est de refuser, mais les talents de négociatrice d'Agnès convainquent nos interlocuteurs que 2 hommes sont suffisants pour fouiller les caisses.

Le temps semble ralentir, contrairement à nos coeurs, dont le rythme s'emballe. Notre nervosité ne semble pas transparaître, ou du moins n'est pas perçue ni par les deux hommes qui nous observent, ni par les deux autres qui sont absorbés par l'ouverture de chaque caisse. Un des deux est un peu plus circonspect et commence à enlever les lingots des couches supérieures.

En moins de 3 phrases, Agnès, armée de son magnétisme, ordonne à demi-mot à l'homme de remettre les lingots. Les deux hommes sortent de la charrette, et nous laissent repartir. Soulagés, nous prenons la direction du pont.

Je reste avec la cargaison, alors qu'Hirilthar part en éclaireur, accompagné de Danouk et de notre nouveau compagnon. Alors qu'il est à mi-chemin, nous percevons un sifflement, et voyons des hommes sortir des sous-bois tant en hauteur, qu'à notre niveau.

On dirait bien que nous n'avions que retardé notre embuscade ...

Nous sommes semble-t'il en sous nombre, puisque de mon côté du pont, je peux dénombrer les quatre personnes qui nous ont arrêtées, et quatre archers sur une falaise une dizaine de mètres plus haut. De l'autre côté de l'abîme qui nous sépare de la fin de notre mission, je peux apercevoir sensiblement le même nombre de personnes, qui attendent Hirilthar et ses acolytes.

Chaque chose en son temps, revenons à notre combat.

Agnès ne se démonte pas, commence à incanter, et un trait incandescent part de ses mains, vole entre deux de nos adversaires, détonne derrière eux et leur rôtit le dos. La surprise parcourt le camp adverse, puisqu'Agnès, forte de ses compétences martiales, dégaine son épée, et en un clignement d'oeil son adversaire est au sol. Un homme se dirige vers moi, et alors que je réussis une passe d'armes particulièrement bien interprétée, mon antagoniste se jette sur mon arme, et tombe au sol inanimé. C'était une excellente idée de m'être entraîné au combat ...

Un archer essaie de me tirer dessus, glisse sur une pierre, tire sur un de ses acolytes en face de nous, et tombe dans le vide. Au bout de 2 secondes, sa chute est soudainement interrompue par le sol, qui va lui rappeler que 10 mètres est une longue distance si elle est parcourue verticalement.

Nos quatre adversaires étant au sol, je laisse Agnès s'occuper des archers en hauteur, et m'élance sur le pont pour aller donner un coup de main à mes collègues.

Quelques flèches et carreaux d'arbalète battent le contre-temps de ma course sur le pont suspendu, mais je ne m'arrête pas. J'imagine à la diminution du rythme qu'Agnès parvient sans peine à triompher de 3 archers ... Cette femme ne cesse de m'épater.

De l'autre côté, le combat fait également rage ; 3 archers couvrent 4 personnes, deux étant occupés à couper la corde du pont, et les deux autres par Danouk et le nouveau.

Je me dirige vers un des coupeurs de corde pour interrompre sa funeste action ; alors que j'arrive au contact, un des archers en soutien se fait foudroyer et tombe. Agnès a du venir à bout de ses archers.

Venant de nulle part, une flèche se plante dans le torse de mon adversaire, qui fait quelques pas en arrière avant de s'effondrer sur le dos. Hirilthar, notre ballistaire, est toujours égal à lui-même.

Mes collègues ont tôt raison de leurs adversaires respectifs, pendant que je propose au dernier membre de la troupe de se rendre. Soit le moment est mal choisi, soit mes propos n'ont aucune résonnance, puisque mon interlocuteur m'attaque avec une hache, que je parviens à esquiver. Son mouvement m'ayant surpris, je ne parviens pas à l'atteindre, mais me ressaisis, puisque je réussis à le blesser à la passe d'armes suivante.

Constatant que le combat n'est pas à son avantage, mon adversaire choisit le repli stratégique.

C'est ainsi que notre groupe rentra au bercail, fort d'avoir vaincu cette embuscade, à trois contre un... Une interrogation persistait dans mon esprit : nos adversaires n'étaient pas habillés comme des brigands, et n'avaient pas l'organisation généralement imputée aux groupes armés qui parcourent les routes pour détrousser les convois. Pourquoi donc avions-nous été attaqués ?

De retour à l'Alliance, je me décide à me protéger un peu plus, et dépense l'argent de mon salaire en protections, notamment un casque, joliment ouvragé, sur lequel je peux mettre quelques plumes. On peut se battre, du moment qu'on le fasse avec classe et honneur.

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