Livre troisième, chapitre septième : communion, par Melian Faeranduil

Rédigé par kaamlii -

À la fin de notre combat qui nous laissa tous pantois, nous sommes rejoints de Tyrion et de Kahlan.

Danouk insiste un peu (trop) sur le fait que Tyrion est un couard, pour nous avoir laissé affronter ce groupe sans lui et le ton monte.

De mon côté, je ne peux pas contenir mon émotion d'avoir été aussi près de la mort et tance véhément Dagoth, que je tiens pour coupable de notre débâcle. Agnès le défend en avançant l'argument qu'il n'y avait pas moyen de savoir que nos précédents adversaires allaient nous laisser en vie.

J'abandonne le combat, constatant qu'il n'y a pas vraiment de réponse à ce débat ... De plus, les circonstances ont porté notre groupe au bord du déchirement.

Ignorant (temporairement, malheureusement, je le crains) cet état de fait, nous nous dirigeons vers l'ouverture d'où Namour est sorti.

Une énorme créature saute sur Dagoth. Elle est munie d'une énorme faux ... Qu'elle brise sur l'arme d'Agnès. La créature était aussi munie d'une non moins impressionnante épée à deux mains. Dagoth et Agnès entreprennent de la combattre.

Du fond de la salle, une autre créature s'extrait des ombres, tandis que Tyrion court pour porter assistance à Agnès et Dagoth. Il porte un énorme coup de son épée à la créature et de la blessure gicle une humeur rouge sombre dégoûtante.

Une nouvelle parade magistrale d'Agnès lui fait sauter son épée des mains et la créature se voit ensuite asséner un coup de Dagoth comme il en a le secret, ce qui a pour effet de la faire s'effondrer au sol, inerte.

L'autre chose, un hideux mélange d'animaux disproportionnés (une tête de loup portant des cornes de bouc et se déplaçant sur deux sabots caprins), pointe son énorme masse en direction d'Hirilthar. J'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche de surprise qu'un éclair jaillit de l'arme pour frapper Hirilthar en plein torse. Le félyss s’affale au sol et je me précipite vers lui, craignant le pire, tandis que Kahlan accourt sur mes talons.

Le "bouc" bondit sur Dagoth, qu'il fait sombrer dans l'inconscience d'un seul coup. Voilà qui ne présage rien de bon du combat à venir...

Agnès et Tyrion, armés de leur courage, foncent vers la créature, pendant qu'aidé de Kahlan, je tire Hirilthar hors de la zone de combats. Je ne parviens pas à déterminer s'il est encore en vie et me décide à lui enfiler ma cotte de mailles, au pouvoir régénérant. Il perdra certainement quelques poignées de poils, mais si cela peut lui sauver la vie ...

Agnès et Tyrion finissent par vaincre le bouc et Danouk me confirme qu'il est dans le coma qu'il devrait quitter dans les heures à venir.

Au fond de la salle, une aura, aux tons bleus pastels évoluant doucement, entoure un temple. Agnès nous dit que des magiciens ont mis en place cette protection pour contenir ce qu'il y a à l'intérieur. Namour a mis quelque chose en place pour que cette protection s'use avec le temps. Nous disposons de quelques heures au pire, de quelques dizaines d'heures au mieux. Un détail me terrifie : au vu des symboles, le temple est dédié à Anarx, le dieu du chaos ...

Des souvenirs que mes compagnons et moi nous rappelons du combat, il semblerait que la deuxième créature n'arrive presque pas à bouger initialement, comme si le temple était prisonnier d'une bulle qui rétrécit à fur et à mesure que le sort de protection faiblit. Les créatures enfermées sont relâchées progressivement. Agnès nous dit qu'elle sent une grosse créature maléfique à l'intérieur...

Une question m'assaille : Que voulait faire Namour ? Il semble plus que vraisemblable qu'il veut libérer ces démons, mais dans quel but ? Namour nous a prouvé de par le passé qu'il n'agissait pas sans arrière-pensées. Pense-t'il obtenir quelque trône de pouvoir dans la hiérarchie de ceux qu'il s'apprête à libérer (si tant est que les créatures démoniaques éprouvent de la gratitude pour lui) ? Est-ce qu'il n'agirait que par vengeance envers les îles ?

Nous rebroussons donc chemin et devons rivaliser d'ingéniosité pour passer le pont effondré : nous devons porter notre matériel à présent et un Félyss inconscient ... Je ne dois ma vie qu'à Dagoth (une fois de plus) et à Tyrion, qui me rattrapent au vol.

Nous parvenons à la zone de combats avec les scorpions géants et à un coude, pour apercevoir que les traces hypothétiques de nos ennemis mènent à un passage que nous n'avions pas emprunté.

Nous rentrons au camp, où ne restent qu'Aredhel, Tirnan et Nyssa. Nous sommes vraiments seuls, dans ce volcan funeste ; le gros des forces de Deucas doit être en train de contenir l'insurrection ... Pendant notre chemin, Hirilthar se réveille et cela emplit mon cœur de joie. Nous retournons vers notre futur : en route vers Namour !

Nous continuons à progresser, pour arriver à une zone au sol meuble. Sous l'effet de nos imprudentes discussions, le plafond s'éboule et nous condamne à aller de l'avant. Nous continuons à suivre les traces pour parvenir à un embranchement. Alors que mes compagnons s'engagent sur le chemin de droite, je perçois un appel à l'aide provenant du chemin de gauche. Je demande à mes compagnons d'aller voir, ce qu'ils font à l'exception de Tyrion, qui refuse catégoriquement de passer devant.

Nous arrivons à une chambre, décorée de lambeaux de tentures. Il semblerait qu'il s'agisse à présent d'une chambre funéraire, où feu son habitant goûte à son dernier repos... Les décorations laissent sous-tendre que la pièce ait été aménagée à but honorifique.

Deux fosses sont creusées dans un coin et nous apercevons un sarcophage le long du mur de gauche. Des inscriptions y sont gravées et alors que j'essaie de les déchiffrer, une silhouette fantomatique vaguement elfique semble flotter en dansant de façons plus où moins erratique. La silhouette vêt de beaux habits ; ses mouvements ne correspondent pas à sa stature, il semblerait qu'elle soit comme manipulée par un marionettiste fou (ou sadique, pour le moins). Je distingue cependant une certaine chorégraphie, ainsi qu'une infinie tristesse sur son visage.

Lorsque nos regards se croisent, une myriade de sentiments me viennent à l'esprit : de la tristesse, de l'espoir, de la folie, de l'aggressivité et une invitation ...

Ne pouvant me soustraire à ce regard, tant effrayant qu'engageant, tant heureux que triste, tant fou qu'horriblement lucide, je m'approche et alors que je perçois une musique, devine mon rôle dans la partition qui va se jouer.

Je me rapproche encore, saisis sa main et ressens un froid glacial. Non pas que la pièce ait perdu quelques degrés, non, mais plutôt comme si cette sensation hivernale m'enserrait l'âme... Qu'elle cristallisait mon cœur en de multiples échardes prêtes à déchirer mon corps.

Je commence à réciter une prière et alors que nos regards se croisent à nouveau, je comprends que l'aider représentera un risque pour moi. Je peux y laisser la vie, mais je ne me vois pas faire demi-tour. Peut-être qu'il s'agit d'un piège laissé par Namour, mais dussé-je y laisser la vie, autant le faire avec panache. Et s'il ne s'agit pas d'un piège, je m'en serais voulu toute ma vie de ne pas avoir aidé cette pauvre âme en souffrance ...

À fur et à mesure que notre chorégraphie se précise, je rentre de plus de plus en communion avec ma cavalière. J'apprends son prénom, Miraëlan, qu'elle est une demi-elfe sorcière et prêtresse de Phrysis et qu'elle a œuvré à la défense de la ville dans laquelle nous nous trouvons.

Miraëlan était la fille d'une princesse elfe et d'un héros, qui avait embrassé la carrière de sorcière ainsi que celle de prêtresse de Phrysis. Elle était l'apprentie de Tuhar Gavelok, dont nous avions découvert la sépulture quelques heures auparavant. Elle étudiait la magie, la diplomatie et les arts de la noblesse, qu'elle maîtrisait particulièrement bien puisqu'elle n'était jamais à dépourvu de prétendants.

Nous nous trouvons dans la cité d'Arkavesia, que je distingue à travers les souvenirs de Miraëlan. Cette ville, un ancien bastion-minier nain, avait été conquise par les familles chaotiques.

La ville devint une capitale locale de nombreux lanceurs de sorts puissants qui repoussaient sans arrêt les limites de leur art.

Je pus goûter à la démesure de ces couloirs immenses, illuminés de la lueur vive des torches, pour passer ensuite dans d'étroites coursives, chichement éclairées par la végétation luminescente qui fait passer pour féériques des couloirs qui auraient pu paraître oppressants.

La folie dans ses yeux cède de plus en plus de terrain. Je sens qu'elle se sent de moins en moins seule et elle devient également plus tangible. Mais tout comme elle reprend pied dans notre réalité, je ressens le froid se faire plus mordant, plus incisif.

Soudain, un liquide éclabousse mon dos et je ressens sa souffrance. C'est comme si elle exprimait cette douleur à travers moi, si elle ancrait la réalité de son corps dans ma chair déjà meurtrie.

Je sens cependant que je peux la libérer, même si c'est au péril de ma vie. Je m'efforce donc de m'appliquer tant dans ma prière que dans ma danse.

Des visions de la ville me parviennent à nouveau. Certaines expériences magiques avaient eu des résultats imprévus et cela commençait de plus en plus à troubler la vie paisible de la communauté, qui cédait peu à peu aux sirènes de la crainte et de la méfiance.

Les plus initiés des lanceurs de sorts se rendirent compte que la cité avait été infiltrée par un démon et que ce dernier commençait à en affecter les occupants. Non seulement la quiétude de la ville était à présent en danger, mais la vie même de ses occupants était désormais en péril.

Aidée des meilleurs lanceurs de sorts de la ville, Miraëlan tenta de faire face à la menace. Les premières batailles furent désastreuses pour les habitants de la ville et la décision fut prise de demander de l'aide à des forces de l'Ordre pour contenir le danger. Les habitants savaient très bien que cette décision allait signifier la fin de leur ville, mais l'alternative leur semblait bien plus terrible encore : une horde de démons déferlant sur la ville, l'île, voire plus ...

Malgré les différences évidentes qui séparaient les forces de l'Ordre de celles du Chaos, un rituel fut conçu pour enfermer les démons dans le temple d'Anarx, et les portes astrales furent scellées. Les rituels conduits ne se terminèrent pas sans le sacrifice ultime de plusieurs lanceurs de sorts, donc Miraëlan et Tuhar Gavelok, qui furent ensevelis avec les honneurs dans la ville.

Alors que la sensation fugace de ce souvenir s'estombe, je vois Miraëlan enfin s'envoler et alors qu'elle s'apprête à traverser le plafond pour retrouver le repos, j'entends un "merci" chuchotté et de plus en plus lointain.

À bout de forces, je m'effondre.

Lorsque je me réveille, je sens ma personnalité revenir petit à petit, comme si j'avais perdu possession de mon corps.

Les connaissances de Miraëlan me reviennent comme un souvenir, comme si je les avais moi-même acquises...

Je sais où se trouvent les portes principales, où se dirige Namour et la localisation de la salle de contrôle des golems.

Nous descendons une échelle en direction du portail principal. Hirilthar ouvre la marche et nous ordonne de nous arrêter. Il ramasse quatre capsules de feu, dont l'aspect si particulier fait encore frissonner mes jambes.

Nous avançons avec prudence pour arriver au bout de quelques mètres à un carrefour. Un bruit sourd se fait entendre et nous apercevons une silhouette humanoïde aux reflets métalliques patrouiller. C'est donc cela, un golem ...

Nous l'évitons de justesse et empruntons les escaliers jusqu'à un autre carrefour. Sur notre droite, la salle de stockage des golems, d'où nous parviennent des bruits de bataille. Le chemin de gauche mène à la ville et plus particulièrement à une place où se trouve la porte astrale principale.

Nous nous dirigeons donc vers la droite pour voir deux golems aux prises avec le groupe qui nous a précédemment vaincu. L'archer et l'assassin sont au sol, il ne reste que les deux combattants et la lanceuse de sorts semble avoir disparu. Aurait-elle trahi son groupe pour faire alliance avec Namour ?

Kahlan, Danouk, Hirilthar et moi n'avont pas d'autre choix que de regarder le combat. Danouk met un point d'honneur à ne pas aider le groupe qui nous a battu.

Pendant que la bataille fait rage, Kahlan me confie à demi-mot qu'elle a lancé un sort de sommeil pendant ma danse avec Miraëlan, c'est donc cela que Miraëlan avait perçu ...

À peine eut-elle terminé sa phrase, le premier golem tombe au sol et les assaillants se groupent autour du dernier, qui choira bien vite.

Notre adversaire d'antan nous confie que Namour souhaite sacrifier la lanceuse de sorts, qu'il a emmenée sous la contrainte.

J'entends également la voix de Miraëlan dans ma tête, me disant qu'elle peut lancer des sorts par mon biais. Et ne se fait pas prier en soignant mes blessures, au prix d'atroces migraines... Comme je ne suis pas lanceur de sorts, mes capacités psychiques sont plus limitées et donc je n'ai pas les capacités requises... Confiant à Danouk cela, il me donne quelques potions, dont l'effet est de restaurer mon énergie psychique.