Livre premier, chapitre quatrième : confusion, par Melian Faeranduil

Rédigé par kaamlii -

L'Alliance Azur se teinte de pourpre.

Aujourd'hui, l'alliance a une mission à nous confier : une escorte de convoi en direction de Valefort. Voilà qui est un peu plus à notre mesure, et qui devrait faire passer l'amertume des combats passés.

Le chef de mission du jour est Hurik, au verbe mesuré, et à la carrure dissuasive. Une fois acquittés de notre mission de livraison, Hurik m'appelle discrètement et me confie une bourse du coffret de la livraison. C'est très futé de répartir l'argent, et permet de ne pas faire reposer la lourde responsabilité du transport de l'argent à une seule personne.

Nous disposons de quelques heures avant de repartir, je fais donc connaissance de mes confrères de Valefort, dont la guilde est dirigée par Rémi Fassol, au nom évocateur... Bientôt vient l'heure de quitter la ville et de remplir le reste de notre contrat.

À notre arrivée à Fort Ponant, nous voyons un bâtiment de l'Alliance Azur en train de brûler. Il s'agit d'un entrepôt, et quelques uns de mes compagnons vont aussitôt tenter d'éteindre l'incendie. Le reste du groupe se sépare entre le bâtiment principal, et la forge, vers laquelle Tirnan se rue. Un voile d'appréhension drape le groupe tandis qu'une poigne d'acier nous enserre les entrailles ; chacun se dirige avec empressement vers sa destination.

L'alliance Azur a été attaquée, de la manière la plus terrible qui soit.

Au premier étage du comptoir, les pièces ont visiblement été forcées. D'une des pièces fermés, on peut percevoir un léger marmonnement. La première chambre ouverte nous dévoile un funeste spectacle : Aldros, à la plastique impeccable, gît sur sa couche, égorgé, son masque de mort laissant transparaître une fatale surprise. Un sentiment de rage m'étreint, et je cours vers les autres chambres, un prégnant sentiment d'inéluctabilité imbibant toutes mes pensées du moment.

La deuxième chambre est une marche de plus dans l'horreur : ce qui reste du corps d'Aëlynne est éparpillé au sol de la chambre. La vision de la frêle créature ainsi mise à mort m'est insupportable, et je me laisse aller à un élan de lâcheté qui me fait détourner le regard.

Au deuxième étage, le silence pèse sur mes épaules et je me prépare au pire. Les portes sont ouvertes, et des traces de sang mènent aux combles (où réside Cal Tallen). Les chambres sont vides, ainsi que la résidence du maître de ces lieux. Cal Tallen, Selmine, Elaël et Talris, le jeune fils de Cal Tallen ont disparu.

Le soir même, au détour d'une rue, Cal Tallen se montre à nous, blessé. Il nous fait part de sa plus profonde méfiance vis-à-vis de Maskell : "Si vous êtes approchés par Maskell, méfiez-vous". Cal Tallen va réactiver ses contacts, vérifier quelques informations, et nous recontacter par la suite.

Le petit déjeuner du lendemain porte les stigmates de la nuit passée, et nous nous repaissons de notre tristesse, ainsi que d'un désir de justice, qui a le goût sur de la vengeance. Nous préparons les diverses cérémonies funéraires pour nos camarades tombés. En faisant l'inventaire de ce qui n'a pas été pillé, nous constatons que le stock de potions a été amputé d'une bonne partie de sa substance, et qu'il ne nous en reste qu'une demi-douzaine.

Nous attendons avec fébrilité des nouvelles de notre chef, en masquant notre rage par le soin que nous apportons aux funérailles de nos compagnons fauchés. Nous sommes en apesanteur, muets et étourdis, commençant à réaliser quel sombre avenir nous attend à présent.

Pendant le repas du soir, Cal Tallen revient enfin. Le silence se fait, et tous attendent avec avidité les mots du leader. Il s'avère que Maskell a renseigné la compagnie Lambert pour préparer l'attaque sur le comptoir de l'Alliance. Nous décidons séance tenante d'exercer des représailles.Trois groupes sont formés : un groupe que commande Cal Tallen, un groupe mené par Hurik, et un dernier groupe dont Dagoth sera le fer de lance.

Alors que nous progressons vers le complexe de la compagnie Lambert, nous constatons que l'éclaireur a disparu. Simariel, qui fait partie du groupe de Cal Tallen, vient à nous et nous explique que nous avons besoin de nous regrouper.

Après quelques minutes de confusion à ruminer les raisons de ce regroupement, nous arrivons à la charrette qu'avait prise Dagoth pour mener son assaut, et faisons face à Maskell, à côté de Tirnan en train de ficeler Cal Tallen. Je dégaine et pointe Maskell de ma rapière en, exigeant des explications. Le traître est ici, et il semble qu'il ait des complices au sein de notre propre groupe! Alors que je me pose la question de l'attaquer, Tirnan me demande de regarder un peu plus loin.

Cal Tallen est en train de se battre avec Dagoth et Agnès. Je n'en crois pas mes yeux, et initialement mets cette illusion d'optique aux faibles conditions d'éclairage. Il semble bien que ce soit Cal Tallen qui est en combat, pourtant ... Mes "compagnons" prennent le dessus, et Agnès assomme Cal Tallen.

Nous retournons à l'Alliance Azur avec une bien étrange cargaison : deux chefs au lieu d'un. Maskell nous explique qu'un des deux Cal Tallen est un allié, et que l'autre est un doppelganger, qui a tué le véritable Cal Tallen, pour prendre son apparence. L'allié était en réalité une personne déguisée et la copie était visiblement embauchée pour redéclencher la guerre avec les transports Lambert. Le Cal Tallen avait neutralisé les éclaireurs afin que nous ne puissions lancer l'attaque.

Bilan de ces terribles journées : une Alliance Azur décapitée, piteuse, exsangue, avec à sa tête Maskell et Hurik. Les jours à venir vont être difficiles.

Je ne sais qui cherche à nous manipuler dans l'ombre, mais le travail de sape est extrèmement bien exécuté. Le dévouement que nous portions à nos dirigeants a été noyé dans leur sang. Ce sang, qui a continué à effacer la confiance ténue existant entre les membres de l'alliance, souille nos cœurs d'une indicible peine. Je crains fort que le groupe ne fasse long feu. Est-ce que notre mystérieux adversaire aurait touché au but en faisant ainsi voler en éclats les corps des victimes et les esprits des survivants ? Je ne le souhaite pas, mais préférerais malgré tout reprendre la route plutôt que de devoir me méfier de mes plus proches compagnons.

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